La grande grèves des mineurs de Carmaux en 1892
Tandis que Jean Jaurès est au repos, il n’est plus député depuis quelques années après avoir été battu, en août 1892 les mineurs de Carmaux se mettent en grève. La raison est simple : l’un d’entre eux, le secrétaire général du syndicat de la mine,
Jean-Baptiste Calvignac, élu maire de leur ville lors des élections municipales du mois de mai, vient d’être renvoyé par la direction de la mine. Les raisons qui ont été avancées par ce renvoi semblent inacceptables aux grévistes. La direction de la mine prétexte qu’il s’absente de son travail pour remplir ses fonctions électives. La grève, qui sera la plus dure que la mine n’a encore jamais connu,  oppose donc, dans un premier temps, Jean- Baptiste Calvignac aux dirigeants de la mine, le baron Reille, directeur de la mine d’une part, et le marquis de Solages, administrateur de la compagnie. Celui-ci est par ailleurs le propre gendre du baron Reille. Les mineurs déclenchent alors une grève pour soutenir Calvignac.
Bien vite, le mouvement de protestation prend de l’ampleur. Les cris de révolte retentissent et la direction de la mine intransigeante ne revient pas sur sa décision qu’elle considère comme irrévocable. La grève alors  devient générale et mobilise les trois quarts des mineurs. Devant le refus de dialogue de la direction, des violences se produisent et le bureau du directeur de la compagnie est mis à sac. Dix mineurs sont arrêtés et renvoyés à leur tour. Ce qui n’était qu’une grève devient un mouvement social et son ampleur deviennent nationale.
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Le gouvernement envoie 1 500 hommes de troupe à Carmaux. Obéissant aux instructions du ministre de l’Intérieur le préfet défend les attroupements. Entre-temps, Jean Jaurès, républicain convaincu, a entrepris de défendre les mineurs et le suffrage universel. Il veut que la loi soit respectée pour tous et ne comprend pas qu’elle puisse faire le distinguo entre les citoyens quel que soit leur rang social. Il le fait par le biais d’articles parus dans La Dépêche du midi. Il fait porter la responsabilité de la violence sur les dirigeants de la compagnie.
L’agitation gagnant Paris par l’entremise de Jaurès, après de long mois de grève le marquis de Solages démissionne de son mandat de député. Le président du Conseil qui a désapprouvé le marquis intervient en tant qu’arbitre : Calvignac est réintégré, c’est une première victoire qui est rehaussée par les grévistes réembauchés, à l’exception des dix mineurs condamnés en justice. Jean Jaurès salue cette victoire. Dès lors tout à change pour lui, il décide de s’engager auprès des socialistes.
Dans la foulée, Jaurès est désigné candidat des ouvriers et des socialistes pour l’élection de député au siège laissé vacant par le marquis de Solages. Les voix des ouvriers lui donnent la victoire.
C’est naturellement l’engagement de Jaurès aux côtés de Calvignac et le soutien qu’il apporte à un ouvrier élu au suffrage universel qui lui permettent de se voir désigné comme leur candidat, comme le candidat des socialistes.
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